C'est La Fin Des Temps (40)
S'il est vrai que la globalisation du transport des personnes et des marchandises a augmenté le risque d'accident, les pares feu sécuritaires, assistés des progrès technologiques, ont tout naturellement crû par la même occasion. Cependant, dernièrement, et plus précisément depuis le tout début de l'année, un nombre important de ces accidents m'a interpellé. Je n'ai pas pu m’empêcher de faire le rapport avec les mots de Melville sur le progrès (1). "Foutu monde !" disait-il après l'horrible accident ferroviaire qui coûta la vie à son ami et à treize autres braves garçons. "Appeler progrès ce qui facilite la mort et l'assassinat !", disait-il encore. Effectivement, comment ne pas être d'accord quand on voit la modernité technique progresser tout azimut au détriment de la vie. L'ardeur avec laquelle les hommes s'engagent dans ce processus apocalyptique qui augmente en réalité les possibilités de mourir. Il est sans doute exacte que cette dynamique matérielle qui projette les hommes d'un bout à l'autre de la planète n'en est pas moins devenu un assassin officiel et dénué de toute responsabilité. Depuis le Titanic, il est indéniable que le progrès technique s'est voulu comparable à Dieu. Depuis, l'existence elle même s'en remet à la vitesse comme on s'en remet à Dieu. Ainsi et sans être exhaustif, le 20 janvier, à Istanbul, 11 personnes sont mortes et 46 autres ont été blessées à la suite d'une sortie de route de leur autocar. Le 10 février, au moins 27 personnes ont été tuées et 16 ont été blessées dans un accident de bus sur l'île indonésienne de Java tandis que le même jour, à Hong Kong, un autre accident de bus a fait 18 morts et des dizaines de blessés. Le 13 février, au Nigéria, 22 lycéens ont été tué dans l'accident de leur bus. Un jour plus tôt, le 12 février, un avion de ligne russe s'écrase près de Moscou avec ses 71 passagers, toutes sont mortes. 6 jours plus tard, le 18 février, un avion de ligne iranien s’écrase avec ses 66 passagers, à l'heure où j'écris ces lignes, les recherches continuent pour retrouver l'épave de l'avion. Le 16 février le crash d'un hélicoptère au Mexique fait 13 morts, le 17 février, ce sont 6 personnes qui sont tuées dans la collision entre un train et un minibus au Maroc.
Il faut par conséquent penser cet intervalle meurtrier comme idoine au progrès et considérer ces choses comme faisant parti du quotidien ou penser les choses comme le triomphe de la mort par le progrès. La réponse adéquate à cette série d'accident doit être évoqué en rappelant le châtiment qui est tombé sur le Péquod et le Titanic. Ces naufrages n'en sont pas moins, dans l'histoire des hommes, des symboles de l'arrogance humaine, tout comme Babel. La grâce de Dieu, dans ce contexte, garantit par la prière le miracle et l'intervention divine. La naïve grossièreté est de croire que l'on peut s'en remettre autre qu'à Dieu lui même! Melville qui a fait du Péquod le symbole de l’Amérique qui tombe, avait amalgamé les moyens de transports moderne à la coque lugubre de Charon. Pour les lecteurs de Dante ils comprendront par la suite pourquoi l'auteur de Moby Dick entre ses dévotions à l'église, n'hésite pas à qualifier ce monde moderne de décadence babylonienne.
Antoine Carlier Montanari
(1) Herman Melville, Cocorico