Saint-Honoré Hawaï : Arnaud Larher
Ce Saint-Honoré n'est pas une oeuvre austère, bien au contraire, ses volutes de chantilly à la rose ennuagent une puissante pâte sablée dont la peau brune écharpe en cercle parfait cette cité fleurie. En lèvres admirables, la crème presque blanche, borde de délicieux petits mamelons orgueilleusement gorgés de vanille où une douceur pâteuse, relevée de petits copeaux sournois, joue de sa délicieuse patine. Tout cet ordre admirable est comme cette muse de Calbet marchant parmi les roses. La jeune femme goûte au plaisir de la nudité et comble de sa promenade les roses qui frottent ses jambes. Certes, d'un accès difficile, le couteau trouvera tout de même brèche pour initier sa marche, ignorant encore qu'une génoise imprégnée de sirop de vanille est tapie dessous. Mais tant pis , la caresse de la mousse au palais est véritablement prescrite, le maître est au petit soin, elle s'y dépose sans tolérance aucune et diligente ses faveurs les plus exquises. Bien que sa légèreté charme les papilles elle ondule voluptueusement sous la langue avec une grâce qui rappelle les Vénus de Cabanel. C'est certain, le nappé mousseux imite les courbes ondulantes de la nymphe endormie sur l'eau, la belle a de la rondeur, comme il le faut pour attiser la mise en bouche. Ça chatouille plus que légèrement, la profanation est tentante, on a envie d'ôter ces pétales de roses rouges qui comme des lauriers sur le front sont devenus sacrés.
Antoine Carlier Montanari