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" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

29 Oct

Un Livre Que J'ai Lu (22) : Mocha Dick Ou La Baleine Blanche ( Jeremiah N. Reynolds)

Publié par Alighieridante.over-blog.com  - Catégories :  #Un Livre Que J'ai Lu

 

 Le nom  de ce cachalot blanc évoque bien entendu celui de Melville, mais ce dernier ne semble pas en avoir pris connaissance, il n'existe en effet aucune preuve attestant de cette rencontre (p9). L'ouvrage de Reynolds a été publié en 1839 et celui de Melville en 1851. 12 ans séparent les deux récits mais celui de Melville est resté dans la mémoire collective, sa puissance narrative est souvent comparé à celle d'un certain grand livre religieux. Dans cette histoire, outre le chef d'oeuvre d'Herman Melville, il faudra rendre à Reynolds ce qui est à Reynolds.

 L'auteur, Jeremiah N. Reynolds construit donc son récit autour de ce monstre marin aux proportions dantesques dont la force prodigieuse rappelle une certaine bête de l'apocalypse. Ce Léviathan est une machine naturelle absolument extraordinaire dont les puissantes mâchoires ont déjà fracassés quelques navires trop curieux. Tout naturellement les hommes, dans cette histoire, seront les plus forts. Ce lusus naturae (p30) est cette auguste alliance du ciel et de la mer dont la mort, rappellera dans un vieux chant marin à la page 78, le crucifié, dont la lance qui percera le cétacéévoquera celle du centurion Longin qui creusera le côté du Christ, et, qui, dans le cétacé, fera jaillir un torrent de sang aussi haut que le mât, suggérant à son tour la croix.

 Jeremiah N. Reynolds, en tant que navigateur,  ne manque pas de nous rappeler l’importance de la chasse à la baleine, évoquant le courage des hommes de la mer dont la volonté est révélatrice de la véritable psycho politique américaine. L’auteur en extrait, tout comme Melville un peu plus tard, l’essence qui anime cette branche de la marine et qui, d’après lui, est le résultat naturel d’un peuple affranchi (p83).

 Bien entendu le cachalot incarne ce vieux monde primitif, lequel serpente également dans l'excellent roman de Conrad, Le coeur des ténèbres. Il est cette métaphore lovercraftienne qui surgit dans un monde chrétien dont les seigneuries démoniaques ont été autorisées à réveiller. "Quand bien même ce serait Belzébuth en personne", nous dit Reynolds à la page 60, ce cachalot intervient comme une admonestation divine pour réfreiner l'ardeur des hommes au massacre, ici la chasse à la baleine. Le narratif melvilien est sans ambiguïté à ce propos, le blanc sera même ce signe surnaturel obsédant dont Reynolds soulignera cette singularité comme une aberration naturelle (p29). Pour Melville, la nature sait se faire blanche pour intimider et même terrifier son monde. Il est de ces cas qui effrayent et même pétrifient quand proviennent au regard cette blancheur naturelle, qui, bien que contrastant avec celles floconneuse du nuage et de la neige ou celle du souverain cygne, n'en demeure pas moins horrible à voir. Ainsi quand elle émaille le dessous du grand squale et enlumine la toison du puissant ours polaire, elle glace déjà d'effroi l'âme comme une peur venu des enfers.

Antoine Carlier Montanari

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