C'est La Fin Des Temps (32)
Le 21 août 2017, l’éclipse solaire est visible au-dessus de l’Amérique, pour beaucoup l’événement est comparable à une finale sportive, certains, y trouveront là une occasion de pique-niquer en famille ou entre amis. C’est dire que les hommes, depuis l’événement du cinéma et de la télévision, transforment tout en spectacle. Le show sera à la hauteur, des millions d’américains, équipés de lunettes adaptés, vont alors observer la lune éclipser le soleil. Dire qu’une telle éclipse a de quoi faire réfléchir sur l’organisation des planètes, chez les philosophes grecs, le terme kósmos est employé afin de définir le bon ordre qui règne dans l’univers. La symbolique est pourtant forte, la lumière du soleil est ici cachée par un astre mort, la lune, elle-même, en temps normal, reflète cette même lumière pour signaler à la face de la terre qui est dans l’obscurité, que la lumière du soleil est toujours présente. En cette année du centenaire des apparitions de Fatima, où, pour rappel, le soleil s’est mis à danser devant des dizaines de milliers de personnes, l’Amérique a connu une éclipse solaire. C’est dire, au regard des ouragans qui ont balayés successivement la région de Houston et la Floride, des tremblements de terres qui ont secoué le Mexique, de la tuerie de masse de Las Vegas, et des gigantesques incendies qui en Californie ont dévasté les régions viticoles du nord de San Francisco, que la grâce semble s’être retirée de cette région du monde. Pour Cyril Duchesne (1), le caractère majeur de ces ouragans, n’avait pas été perçu au départ. Il ajoute, que cette évolution inattendue s’explique par le caractère inédit, d’une intensification record, jamais observée. Je passerai ici tous les adjectifs employés par les journalistes et les spécialistes météorologistes qui décrivent le caractère apocalyptiques de ces phénomènes climatiques. Pour exemple, un article du Figaro, daté du 09 septembre, à propos de l’ouragan Irma, parle d’un exode sans précédent des habitants de Miami. Joel Nihlean, éditeur au County Magazine, qualifie l’ouragan de « fichu Léviathan ». La journaliste du Figaro, Maurin Picard, donne en kilomètre les dimensions de cette bête, l’image satellite est sans appel, le monstre est à la hauteur du qualificatif biblique employé par Joel Nihlean. Ironie du sort ou pas, le Figaro, dans cette même édition, dispose exactement dos à dos l’article précédent avec un article concernant la vente, par l’église de France de son plus cher presbytère, à un magnat de l’immobilier commercial. Quand on se rappelle les larmes de la Vierge de la Salette, en 1846, et ses annonces prophétiques quant à la dégradation morale de l’évêché au sein de l’église, réitérée d’ailleurs par la Vierge à Fatima, qui, proportionnellement engendrera, comme il le fut au temps de Noé, l’accomplissement de la justice divine, on peut sourire de cette concordance journalistique, qui, indéniablement, par transparence, vérifie symboliquement les propos prophétiques du Ciel.
Le péché comme la grâce est mystérieusement reliée au cosmos, cette grille de lecture n’est possible, nous dit Simone Weil, que par un symbolisme permettant de lire les vérités divines dans les circonstances de la vie quotidienne (2). En fait, il y a une correspondance entre l’ordre et le désordre naturel du monde et la volonté divine. Si le soleil, est l’image de la grâce comme nous l’explique Simone Weil, il faut avant tout comprendre son rôle énergétique dans le cosmos. Ce soleil est l’autre représentation du Saint Sacrement ensoleillé exposé au tabernacle, de même que la mangeoire qui servit de berceau au petit Jésus, est une manière, avant l’heure, de dire aux hommes, mangez moi, mangez mon corps. Le soleil est le centre de gravité des planètes et c’est par lui que les plantes, malgré la pesanteur et la gravité, s’élèvent, que nous nous tenons debout, que nous marchons, courons, sautons, portons des masses parfois plus lourdes que nous-mêmes et que nous gravissions des montagnes. Le soleil suscite toute l’énergie vitale et la maintient jusqu’à l’anéantissement complet du corps. Le soleil de Fatima, qui danse en affolant la foule est ce symbole de vitalité qui se dérègle. Et dès lors que la lune, l’astre mort parvient à éclipser sa lumière ce n’est ni plus ni moins l’image symbolique du retrait de la grâce. De ce point de vue, l’éclipse solaire passant spécifiquement au-dessus du continent nord-américain, et plus précisément au-dessus des Etats-Unis, averti en quelque sorte que les ténèbres masqueront, un moment, la lumière, la grâce n’agira plus. Le soleil n’est donc plus un contrepoids aux ténèbres, c’est le signe transparent d’une toute autre réalité.
Et c’est vrai, cette autre réalité n’est plus considérée. On présume désormais que la croyance en une divinité supérieure est seulement digne du passé dont la superstition motivait en réalité leur besoin de Dieu. La science a donc renvoyé toutes les époques passées à l’âge de pierre en ridiculisant toutes les croyances, y compris celle du monothéisme hébraïque puis chrétien. En cela, l’arrogance et la jalousie du dieu science devient si prégnante dans les esprits que la moindre interprétation de signes apocalyptiques est considéré comme un outrage à la raison. Si le cœur de l’homme est devenu aussi froid aux avertissements du ciel, c’est qu’il est devenu l’esclave des nombreuses applications technologiques, lesquelles, lui donne l’agréable sensation d’être un maître du monde. Ce confort acquis l’empêche réellement de poser sa réflexion sur l’essentiel, c’est sa part médiocre, le besoin grotesque de l’âme qui est ici satisfaite. Il semble désormais évident que l’humanité a fait de la technologie son dieu, de la même manière qu’au Sinaï, une partie du peuple juif fit du veau d’or le sien.
Antoine Carlier Montanari
(1) Météorologiste pour La chaine Météo, interrogé par Le Figaro
(2) Simone Weil, Pensées sans ordre concernant l’amour de Dieu, Ed. Folio Sagesses, p16