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" Notre foi doit être simple et claire, pieuse et intelligente. Il faut étudier, réfléchir pour se faire des convictions, des idées sûres, se donner la peine d'aller jusqu'au fond de soi-même, de ses croyances. » Marthe Robin

17 Sep

Un Livre Que J'ai Lu (11) : Le Golem (Georges Nataf)

Publié par Alighieridante.over-blog.com  - Catégories :  #Un Livre Que J'ai Lu

 Pour Carl Gustav Jung, le Golem et notamment le Golem de Prague, serait, au titre de mythe ou de légende, un archétype de la culture religieuse dont la représentation est une forme symbolique issu de l’inconscient collectif et donc de l’expérience humaine. Il faut donc remonter au livre des psaumes (1) pour voir apparaître cette forme brute et inachevé sortir de l’argile. L’auteur, Georges Nataf, fondateur et directeur de la maison d’édition Berg International, relate avec précision la formation de cette étrange créature, qui par ailleurs, trouvera sa variante dans le roman de Mary Shelley, Frankenstein ou encore le célèbre personnage de la guerre des étoiles, Dark Vador dont l'apparence est étrangement proche de la statue du Golem à Prague (3).

 Le Golem, sorte de nouvel Adam, naquit à Prague, ville alors considérée comme une nouvelle Jérusalem (p17). Modelé dans de la terre rouge avec l'eau de la rivière il prit forme au fur et à mesure que les mains du Rabbi Loew répétèrent les gestes de l’Eternel quand il eut conçu Adam. De là, sous l’astre lunaire, en parti caché, le Rabbi Loew, accompagné de deux jeunes rabbins, inscrivit sur le front de sa créature le mot Emet, qui veut dire vérité. Puis, afin de le protéger des forces obscures, il colla dans sa bouche, plus précisément sur son palais, un parchemin comportant les noms des anges et des archanges qui peuplent le Ciel. Après que le Chem, le souffle de Dieu, fût prononcé, le Golem s’anima. L’auteur profite de cette narration pour nous familiariser avec quelques termes de la tradition hébraïque. Le Séfer Yetsira, le plus ancien traité de mystique juive, le hazoth, la lamentation sur Jérusalem, le Mikvéh, le bain rituel des juifs, l’aleph, la première lettre de l’alphabet hébreu, le rouah, qui donne la vie et la mort, comme le chem d’ailleurs. Certes l’ouvrage ne comporte que peu de pages (2), mais l’auteur a les mots suffisants pour nous plonger dans l’une des plus grandes histoires juive. Le mythe est fort, il est un archétype protecteur du peuple juif dont la manifestation est engendré par le souffle de Dieu. Aussi, aujourd'hui, le robot et l’homme augmenté promis par le transhumanisme, sont des avatars en pleine croissance. Le mythe établi donc déjà certaines des grandes transformations à venir, mais l’auteur n’aborde pas ces questions. Il faut donc  être conscient, comme les exemples cités plus haut, que l’histoire du golem a alimenté bon nombre d’auteurs. Cet archétype a consciemment ou inconsciemment inspiré H.G Wells et son île du docteur Moreau ainsi que le Metropolis de la romancière Thea Von Harbou. Plus proche de nous, dans la célèbre série, Trône de fer, un Golem, fait figure de garde du corps de la Reine, il est surnommé la montagne. Mais de tout cela il ne faut pas oublier que l’inspiration première fut la création d’Adam, l’auteur nous le répète d’ailleurs assez régulièrement (p22, p27, p36).

 Il reste donc à reconnaître le mérite de cet ouvrage qui, outre une très courte biographie du Rabbi Loew, nous permet d’éclaircir un mythe bien trop souvent oublié, dont il faudrait rappelé bien plus souvent pour condamner certaines dérives scientifiques qui veulent imiter Dieu. Effectivement, le Golem a été modelé pour que le souffle de Dieu lui prête vie, au regard des nombreuses sculptures qui ornent les palais et les musées des grandes civilisations, et qui demeurent aussi inertes que la pierre ou le marbre dans lesquels elles ont été façonnés, fussent-elles aussi réalistes tant en forme, en grâce et en allure que la plus belle des créatures de Dieu, elles n’en demeurent pas moins des imitations aussi mortes que les hommes pétrifiés par Méduse. Seuls les justes et les hommes saints, nous dit la tradition juive (p7), peuvent donner vie à l’argile, ce en quoi le Golem a été de mémoire d’homme, la seule statue vivante. Dans cette histoire-là, si la lune est l’astre sous lequel le rituel est exécuté pour que le Golem prenne vie (p27), elle est également son image, qui, bien que paraissant vivante lorsqu’elle est lumineuse, n’en demeure pas moins un astre mort qui bouge et qui brille sous l’action de deux astres vivants, la terre et le soleil. Ce mystère du mort-vivant est donc bien entendu un écho du Golem dont le mot Emet, inscrit sur son front et qui veut dire vérité, devient, quand on ôte la première lettre, le mot Met qui signifie mort (p8, p44).

Antoine Carlier Montanari

 

(1) Livre des Psaumes (139 :16)

(2) 45 pages

(3) Pierre Hillard, Atlas du mondialisme

 

 

 

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