Ecrit Epistolaire (29) : Blanche Neige
Il y a dans le conte de Blanche Neige un parallèle avec l’histoire du sacrifice demandé par Dieu à Abraham. Le chasseur, sur ordre de la Reine, doit tuer et rapporter le cœur de Blanche Neige. Dans la Bible, et plus précisément dans l’ancien testament, Dieu demande à Abraham de sacrifier son fils. De ces deux demandes, seul Abraham obéira à Dieu - en épargnant Blanche Neige le chasseur désobéira à la Reine. On pourrait établir la raison de l'obéissance comme celle de la désobéissance, mais dans les deux cas la vie humaine est épargné au détriment de celle d'un animal, un agneau dans l'histoire d'Abraham et une biche dans celle de Blanche Neige. Il semble que le sang de l'innocent contente la justice. C'est pourquoi, en réalité, l'agneau, dans le sacrifice d'Abraham préfigure l'agneau Pascal qui est le Christ, il est l'innocent parfait, celui qui accepte de porter sur lui la charge immense qu'exige la justice pour sauver l'humanité. L'holocauste christique à ceci de mystérieux qu'il répond favorablement aux exigences sanguinaires du diable. Ainsi, la croix, symbolisant la table du boucher, se révèle être le moyen de contenter l’appétit vorace du mal. En effet, le sacrifice de certaines âmes a fait gagner au ciel des myriades d'âmes alors qu'elles auraient dû être condamnées à l'enfer. Ainsi et de même qu’à chaque fois que nous mangeons de la viande, en quelque sorte nous contentons notre besoin naturel de répandre le sang. Cette part qu’exige notre nature, affectée par le péché originel, neutralise réellement et en partie notre besoin inconscient de voir le sang couler. En ceci, seule la croix nous fait devenir l'agneau ou la biche afin d'épargner soit l'enfant d'Abraham soit la jeune Blanche Neige. Il va de soi que le cœur de la biche que le chasseur rapporte à la Reine est une projection symbolique du Cœur du Christ percé par le soldat romain sur la croix.
Antoine Carlier Montanari