Le Dessous Des Toiles : Le Figaro (couverture du 11/11/2016)
L'agencement photographique de la couverture du Figaro du 11 novembre 2016 est particulièrement subtile. On peut y voir une large photographie centrale qui représente Donald Trump assit sur la gauche qui serre la main de Barack Obama, lui-même assis sur la droite. Cette photographie a été choisi par les médias pour immortaliser la première rencontre à la maison Blanche entre les deux présidents. Le Figaro, qui comme tout le monde le sait est plutôt de droite, a soutenu la candidate démocrate lors de la campagne présidentielle américaine, que l'on ne s'y trompe pas, de la même manière Nicolas Sarkosy a également dans cette affaire soutenu Hillary Clinton. Tout cela reste cohérent, en France le pacte républicain a déjà initié le principe, on est pas surpris qu'un journal ou un candidat de droite puisse soutenir son adversaire naturel. Dans cette histoire, l'adage l'ennemi de mon ennemi est mon ami s'applique tout naturellement. On sait ainsi qu'ici l'ennemi de mon ennemi est aussi bien Le Front National incarnés par Jean Marie Le Pen et sa fille que Donald Trump. Il n'est pas imprudent de dire que le politiquement correct est devenu l'affaire des médias, être impertinent c'est être politiquement incorrect, sans doute que les financiers qui possèdent journaux et médias voient d'un très mauvais œil l'esprit critique. L'opinion étant bien dressée à la censure, il parait inévitable de remettre en question des années d'élevage intensif. Ce principe est déterminé par une administration cosmétique qui se sert allègrement de vernis pour dissimuler les intentions réelles du capital. Le faux semble vrai et le vrai semble faux, le tout est de faire semblant et il faut des acteurs pour le faire valoir, c'est la société du spectacle décrite par Guy Debord.
Ainsi le Figaro remplit bel et bien sa mission humanitaire en prônant un retour au gant de toilette et au savon. Donald Trump est bien un être indésirable, grossier, impertinent et vulgaire. C'est pour cela qu'imperceptiblement une photo représentant un enfant qui pleure, suite aux attentats du Bataclan, est imprimée juste au-dessus du candidat républicain. On suggère ici un lien entre Trump et les attentats de Paris. De la même manière, une photographie de babouin est placée au-dessus de Barack Obama. Si comme je le pense, le Figaro n'a pas intentionnellement construit ce rapport, on peut alors penser que cette disposition a été produite inconsciemment. Dans ce cas-là, comme le savant dans le laboratoire qui provoque malgré lui des résultats inattendus, reformulera toutes les opérations, en trouvant celles qui engendrèrent une telle trouvaille. Il va explorer les endroits qui jusque-là il avait ignoré pour déterminer dans quelles mesures il est arrivé à de telles conclusions. De la même manière le Figaro a formulé un message dont il n’avait certainement pas désiré. Cette acception peut être comprise comme un lapsus, dont on dira qu’il est peut-être révélateur ! Ainsi on peut ainsi parvenir à comprendre le mécanisme psychologique du Figaro. Naturellement, les responsables éditoriaux savent pour qui ils travaillent, et contre qui ils se battent, et c'est en fonction de cela qu'ils vont publier telle ou telle photo. L'une servira à mettre en valeur tel candidat et l'autre servira à dévaloriser le candidat considéré comme l'adversaire. Il faut en effet produire dans l'œil du lecteur une propagande subtile capable d'orienter efficacement les intentions partisanes ou belliqueuses, notamment celles dont on ne peut pas clairement exprimer sans être affublé de partialité. Ainsi la juxtaposition verticale des photographies du Figaro reprend à son compte les codes du découpage artistique pour orienter l'opinion publique. Dans la grande peinture religieuse, le saint est toujours caractérisé par une auréole au-dessus de la tête, c'est elle qui permet d'identifier, au-delà de la grâce gestuelle et de la tenue monacale, la sainteté du personnage. Également la présence d'une colombe au-dessus d'un groupe de personnages ou plus précisément au-dessus de la Vierge, est l'expression du Saint Esprit. Plus couramment, dans l'imagerie populaire, le bonnet d'âne servait à humilier les mauvais élèves. Dans les bandes dessinées japonaises, un nuage noir qui flotte au-dessus d'un personnage, sert à exprimer la malchance. Mieux encore, c'est par son pavillon qu'un navire est identifiable. Ainsi, un signe ou un symbole permet de caractériser et de distinguer la nature de la personne ou de l'objet sur lequel il est superposé. Ici il est vrai que le babouin au-dessus du président Obama suggère plus qu'il ne dit, et cet assemblage fortuit à connotation raciste ne peut évidemment qu'être le fruit de l'interprétation, n'empêche que si un journal dit d'extrême droite avait malencontreusement construit la même page, on aurait conclu autrement les choses. Ce qui veut dire que ce même montage photographique n'a de valeur subversive qu'en fonction de la nature idéologique de son auteur. Cependant si le Figaro, qui n'est certainement pas d'extrême droite, a généré un tel amalgame on peut raisonnablement dire que pour les quelques brillants cerveaux qui y travaillent, une telle association n'aurait pas dû leur échapper. De même, ce dessin d'un enfant qui pleure, positionné au-dessus de Donald Trump, et qui évoque l'attentat du Bataclan, suggère un rapport entre Donal Trump et la violence dont nul ne peut ignorer en réalité que les grands médias ont largement contribué à propager. De même, les mots TERRORISME et RECHERCHE sont respectivement installés au-dessus de Donald Trump et de Barack Obama. L'association est ici largement en défaveur du président républicain, quant au mot recherche au-dessus du président démocrate, promeut ici les prothèses animales. On entre ici dans les nouvelles normes civilisationnelles à savoir le transhumanisme dont certains diront qu'il engage l'humanité vers un modèle débarrassé de Dieu. Tout est ici relativement convenu, le Figaro oriente subtilement l'opinion vers l'idée que le progrès est du côté du président démocrate. Mais pour le lecteur, qui est de droite, Obama qui est plutôt de gauche, est placé à droite sur la couverture. Le paradoxe veut que Trump soit sur la gauche. Mais du point de vue des deux locataires de la Maison-Blanche, Barack Obama est bien à gauche et Donald Trump est bien à droite. Si l’on décortique soigneusement la photo le président démocrate fixe du regard son adversaire tandis que ce dernier s’en détourne préférant toiser ce premier avec une poignée de main beaucoup plus volontaire, en effet Donald Trump choisi la domination avec la paume de la main tournée vers le bas, celle de Barack Obama est tournée vers le haut, signe plutôt de soumission mais cela peut-être aussi un message d’ouverture et de non-agression. Le président républicain est manifestement dans un mouvement dynamique vers la droite, vers son interlocuteur, qui lui est assis avec légitimité et qui semble indiquer qu’il n’est pas du tout inquiet de la situation. En effet il affiche une sérénité qui peut être interprété comme l’assurance qu’il ne perdra pas sa place de chef d’état. Toute cette communication non verbale sous entend que la confrontation est bien plus grande qu’on pourrait le penser. Dans cet état de confusion, le lecteur perçoit inconsciemment le choix idéologique du Figaro qui fait passer sous ce visuel, Donald Trump comme un candidat populiste, belliqueux et patriote tandis que Barack Obama passe pour un homme tolérant et pacifique. Le Figaro a fabriqué un point Godwin. Pour bien des gens, Donald Trump est du même acabit qu’Adolphe Hitler. Ils s'imaginent que sa mèche blonde est un signe de reconnaissance, en réalité, durant toute la campagne, les médias, étape par étape, ont soigneusement fabriqué le personnage à cette convenance. Cette suspicion majoritaire à l'encontre du républicain est la même que celle qui entoure Jean-Marie le Pen, à partir de cela il est normal que l'opinion soit docile à toutes ces formes de dressage mentale. Si le Figaro est un frein invisible aux forces patriotes, c'est qu'il répond aux exigences de Dassault, propriétaire du journal, qui je le rappelle est un fabricant d'armes et de jets pour hommes d'affaires, qui au sein du Medef forme l’arsenal anti-nation du mondialisme.
Dans ces circonstances là on ne peut que comprendre pourquoi le journal privilégie sur sa couverture, en ce 11 novembre, date anniversaire de l’armistice de la guerre 14-18, la tuerie du Bataclan qui sera célébrée deux jours plus tard, soit le 13 novembre. Ce code lui est en partie imposé par le nouveau dictat moraliste européens qui estime le patriotisme comme la fin de l’Europe Bruxelloise. Tout ce petit monde essaie de peser sur le vote des citoyens en suscitant leur adhésion à une politique dont ils savent par avance que le peuple est réellement incapable de percevoir la mécanique subversive. Il faut donc que la grande bête (le peuple), soit domptée, pour reprendre Alexander Hamilton. Si ce premier secrétaire du trésor ébauche en avance les idées de Lippman et de Bernays, James Madison, le quatrième président des Etats-Unis, demandera de maintenir quant à lui la minorité fortunée à l’abri de la majorité. Vous aurez compris, les médias consensuels manœuvrent dans une direction qui n’est certainement pas celle de la liberté des peuples
Antoine Carlier Montanari