Ecrit Epistolaire (25) : Sur La Non Nécessité Du Rire
Bien que le Christ est élevé considérablement notre regard sur le monde et éveillé des vertus qui avaient échappé aux consciences des hommes, comme le sacrifice, la pauvreté le don de soi, l'amour et la miséricorde et bien d'autres que l'on peut mesurer à l'ombre des cloîtres comme la charité, la bienveillance, la chasteté et l'humilité, il a également rendu caduque les honneurs et les biens du monde. Il est normal qu'a partir de cela les multitudes de divinités jalouses et arrogantes qui peuplèrent l'olympe, que les dieux égyptiens à tête de faucon ou de crocodiles produisirent en nous quelques hilarités. En effet le Christ a porté si haut la noblesse humaine qu'il a irrémédiablement situé le comique là où on ne l'avait pas vu. Baudelaire a raison, il y a de quoi rire du monde après le Christ. Ainsi si l'on se moquait bien des menteurs et des voleurs, le riche comme l'avare n'en étaient pas moins des objets de caricature. Dans sa Divine Comédie, Dante se plaît, afin de les ridiculiser, de mettre dans tel ou tel cercle des enfers les quelques héros et sages arrogants de l'antiquité au même titre que les innombrables princes italiens et romains qui avaient déshonoré par leurs actes la terre et les peuples sur lesquels ils étaient censé régné. Balzac, de même, instruit par le poète florentin, tissera un tableau comique de la condition humaine. Le mot comédie affilié à chacune de leurs œuvres aura la même connotation que le mot tragique, on est en présence d'un rire beaucoup plus intellectuel, qui produit d’avantage de l’ironie que de l’hilarité. Aujourd'hui tout cela a bien changé, le rire est d'une toute autre nature, il sert d'avantage à raillé le juste, le croyant, à se moquer de la chasteté, des bonnes sœurs, des curés et du monde paysan. Le rire, depuis que la société de consommation décrite par Guy Debord et Michel Clouscard a enveloppée toutes les classes sociales, est devenu un agent de conformité mondain. Les comiques actuels (Cyril Hanouna, Charlie Hebdo…), vulgaires et grossiers, qui ont remplacés les comiques troupiers et les saltimbanques, ont grassement affaissés le verbe et la tenue. Actuellement le rire satisfait les valeurs citadines au profit des valeurs rurales. L’individu sur la famille, l’avortement sur la vie, l’adultère sur la fidélité, la pornographie sur la chasteté, l’envie sur la retenue, la grossièreté sur la courtoisie, la fainéantise sur le travail, l’athéisme sur la foi et plus précisément le laïc sur le religieux. C’est le rire satanique qui entretient l’idée du mal en se positionnant systématiquement en faveur de la culture de mort. Automatiquement les effets psychologiques sont dévastateurs et pas uniquement sur ceux qui participent de ce rire, l’homme étant de nature grégaire ceux qui en sont la risée deviendront des nouveaux boucs émissaires, des boucs émissaires du mal, du mal comme on l’entend quand on parle du diable, pour les autres, pour ceux qui se moque, bien évidemment ce mal est un bien ! Ainsi s’il me fallait rire de ces derniers, je les peindrai chacun à leur tour dans des positions rappelant celles du peintre Jérôme Bosch qu’il appliqua aux damnés lorsqu’il peignit les enfers !
Antoine Carlier Montanari