Ecrit Epistolaire (24) : Sciences Po Et Donald Trump
Sciences po n'a rien vu arriver, abasourdis par la victoire de Donald Trump, les élèves comme les professeurs témoignent d'une assez grave incompétence en la matière tant l'idéologie qui les soutient est incapable de leur faire rendre compte du réel. Cette acatalepsie précoce témoigne, dans ce lieu si prestigieux, d'une séparation de l'élite avec le peuple. Dans cette affaire-là, je me dis qu'après tout, la politique, entre leurs mains, est d'avantage une idéologie qu'une science. Le manque de pragmatisme, de clairvoyance, de lucidité est ici évident, sans parler bien entendu d'un partisanisme particulièrement prononcé qui a lui seul défini Sciences Po comme une école de pensée particulièrement orientée. Si comme on le devine, ces jeunes pousses viennent demain épauler les partis les plus institutionnalisés, il ne faudra pas s'étonner de voir se perdurer le rôle de l'oligarchie et de la ploutocratie. Les longues années passées sous la cinquième république ont démontré l'inadaptabilité des politiques au réel. Ainsi, au regard du processus démocratique, la variable humaine nommée suffrage universel, n'est plus considéré comme viable lorsque celle-ci ne réagit plus aux stimuli médiatiques, l'opinion publique est devenu réfractaire à la fabrication du consentement formulé par Edward Bernays et Walter Lippman. Cette cause ne sera pourtant pas entendue par Sciences Po, qui bien que très à gauche, entend corriger le peuple de ses défauts. Dans ce cas-là, ses élèves, comme le dit Edward Bernays, respectent l’idée que la masse est incapable de juger correctement des affaires publiques (1), et c’est d’ailleurs peut-être pour cela qu’inconsciemment ils pensent qu’ils sont les mieux placés pour éduquer ces citoyens inaptes. Ainsi, si l’on analyse froidement la situation, au regard de la victoire de Trump, il y en aura très peu, parmi ces étudiants pour estimer ces millions d’électeurs américains qui ont manifestement donné ici une leçon de démocratie au monde entier. Le message est clair, le peuple décide malgré la politique politicienne. Non seulement les pronostics, les sondages et les calculs savants n’ont pas été en mesure d’identifier les intentions des citoyens, mais ils ont procéder d’une analyse encore moins rigoureuse qui a totalement dissout le pays réel. Ceci vérifie bien que la politique, au même titre que la sociologie et l’économie, n’est pas une science exacte. Le vote en 2005 sur la constitution européenne et le Brexit en juin 2016, démontrent tout simplement que le paradigme du politiquement correct est en train de s’effriter. De plus le sens critique de l’opinion publique, depuis internet, s’est considérablement affiné, on assiste véritablement à une hostilité de plus en plus prégnante à l'encontre les forces financières et politiques en place. Alors pour mieux dénigrer ce nouvel axe d’émancipation, le mot « populisme » est employé ici comme adjectif castrateur dont le seul but est d’empêcher toute remise en question. En ce sens, je peux douter sincèrement de l’enseignement pratiqué à Sciences Po tant il est formidablement enchâssé dans une pensée statique et néo conservatrice. A ce point d’équilibre, le militantisme ultra libéral qui sévit entre les murs de cette institution n’a pas le soutien du public, au mieux elle enregistre des voix près des établissements financiers, bancaires, mondialistes et des associations antiracistes, et de toutes celles qui défendent le droit des minorités sexuelles. Ainsi et malgré la renommée qui est la sienne, elle n’est donc plus en mesure de comprendre et d’adhérer au changement qui se profile, en outre, comme ses élèves sont bien disposés à être des relais soigneusement zélés de la politique néo libérale et antinationale, il est certains qu’aucun d’eux ne pourra dénoncer son caractère subversif, en fait ils sont incapable par eux même de se déterminer en dehors du système, c’est pourquoi ils ne peuvent pas comprendre objectivement la révolte des peuples.
Antoine Carlier Montanari
- Edward Bernays, Propaganda