Aphorisme (63) : Animation Psychédélique
Dans le déluge de films d’animations en images de synthèse, il n’est pas difficile de voir combien le scénario sert de prétexte à la mise en forme de la couleur. Tout tient dans la marchandisation de cette couleur dont le rythme ou le vitalisme imposé à l’expression formelle de sa nature réfracte dans l’œil du spectateur la séduction immédiate du phénomène artificiel, tout comme le ferait un bonbon multicolore sur un enfant. L’esprit est ainsi initié à l’essence du capitalisme ludique dont la forme la plus dégénérée est la possession du fétiche en plastique ultra colorée qui sort en masse des usines chinoises par des masses d’ouvriers qui n’ont d’écart avec le statut d’esclave que le très bas salaire. Et cette soumission au coloriage fluorescent, qui a été mondialisé par les Simpsons, courtise en permanence la rétine en initiant tranquillement l’esprit au psychédélisme. De la sorte, on lui fait croire gentiment que tout est merveilleux, sans y prendre garde il finit par oublier la misère des autres, finalement tout sentiment de compassion finit par s’amenuir. Son accoutumance marque le triomphe du rêve sur le réel et la surenchère de cette substance visuelle relance le statut du drogué en manque.