L'Architecture Du Diable (8)
Le triangle de Karpman m’a inspiré une autre hypothèse, celle-ci bien que diabolique est avant tout la forme la plus aboutie de la manipulation politique. En suivant Karpman il y a le bourreau, la victime et le sauveur, à partir de là, si le bourreau veut passer pour le sauveur et faire passer le sauveur pour le bourreau, il doit choisir une victime parmi la population de sorte que cette victime soit à l’opposé des convictions politiques du sauveur. Par exemple, si la victime choisie représente la communauté homosexuelle, celle-ci bien que victime récurrente des différentes civilisations, va être ici instrumentalisé et mise en avant à la suite de faits aggravants afin de provoquer des lois condamnant l’homophobie. Ainsi, tout opposition sera désignée comme le bourreau, et le bourreau ayant légiférer passera donc pour le sauveur. Il faut bien comprendre que pour que cela marche, le bourreau doit être aux commandes afin de posséder les moyens politiques, médiatiques et économiques. L’indignation est généralement le moyen par lequel ils se mettent du côté de la victime, c’est la mort du Christ qui a inauguré l’absolu nécessité de se placé du côté de la victime, le diable retourne le moyen à son profit et s’en sert allègrement pour cacher sa volonté de détruire. Ce miroir christique, Antéchrist, être le Christ sans être lui, prendre de lui ce qu’il représente, afin, par la forme de tromper sur le fond, pour détourner les honnêtes gens et les hommes de bonne volonté du caractère inique de celui qui en use. Le diable use ainsi du langage du Christ pour culpabiliser le citoyen et faire de lui le bourreau pour empêcher toute réaction psychologique afin d’inhiber toute pensée critique, il n’a comme seule alternative de demander pardon au bourreau devenu sauveur.
En 1990, l’affaire Carpentras est assez révélatrice de ce mécanisme. Le parti socialiste est aux affaires alors que le Front National est en pleine ascension électorale. La profanation du cimetière juif de Carpentras avec le corps de Félix Germon posé nu sur une tombe avec un manche de pelle enfoncé dans l’anus suggérant un empalement provoque une grande émotion en France. Le jour même Jean Marie Le Pen est l’invité de L’heure de Vérité, Jean Marie Le Pen réplique que son parti est la cible d’un complot. Toute la caste socialiste fait le déplacement et profite de l’évènement pour pointer du doigt Jean Marie le Pen, alors président du Front National. Des manifestations sont organisées dans toute la France, et François Mitterrand participe à l’une d’entre elles et c’est la première fois qu’un président en place participe à une manifestation en France. Au passage, on peut évoquer la participation de François Hollande avec quelques autres chefs d’état dont Angela Merkel et Benyamin Netanyahou à la manifestation organisée le 11 janvier 2015, quelques jours après le drame de Charlie Hebdo. Pour Yves Bertrand (1), l'exploitation politique anti-FN de la profanation du cimetière de Carpentras fut orchestrée par François Mitterrand. Pour Hubert Védrine, conseiller de François Mitterrand et porte-parole de la présidence de la République (1988-1991), a qualifié ces événements de « manipulation » sur France Culture le 9 janvier 2015 (2). L'affaire a été résolue six ans plus tard par la condamnation de quatre néonazis. Aucun lien n'a été établi entre les coupables et le Front national. Les dirigeants locaux du FN, Guy Macary et Fernand Teboul, faisaient eux-mêmes partie de la communauté juive, ce qui ne pouvait que déplaire aux néonazis. Dans cette affaire-là, le Front National aura été entaché et amalgamé au parti Nazi d’Hitler, le mot National suffira à joindre les deux bouts alors que le mot Socialiste n’aura jamais été identifié comme l’idéologie qui a alimenté le nazisme.
Antoine Carlier Montanari
- Yves Bertrand, Je ne sais rien… mais je dirai (presque) tout, Conversations avec Eric Branca, Plon, 2007,
- LE MONDE SELON HUBERT VEDRINE, FRANCE CULTURE, 9 janvier 2015