Aphorisme (54) : Le Socialisme
Il m'est venu sur le tard, après avoir médité sur celui que l'on nomme plus communément l’Antéchrist, dans le texte de l'apocalypse, dont on sait qu'il revêtira les apparences du Christ pour mener l'humanité à sa perte, que le socialisme, dans son entier, est exactement la doctrine avant l'heure de cette bête à cornes. Le pape Paul VI, en 1964, dans son encyclique Ecclesiam suam, avait justement notifié, de manière explicite l'emprunt des valeurs de solidarité de la société laïc sur les Évangiles. Ce dépôt, disait-il, devait être rendu à son auteur, en effet tout le socialisme singe le christianisme en évacuant le Christ lui-même. Les peuples ont adhéré assez facilement à cette politique humaniste et n'ont pas su observer la tromperie opérée par les cadres politiques. En fin de compte ils ont cru que le socialisme avait les mêmes vertus que celles du christianisme, lesquelles, les premières, seront qualifiées par l’écrivain anglais Chesterton d’idées chrétiennes devenues folles. C'est là donc toute la ruse de cette politique, c’est l’histoire de l’habit et du moine, de la bête qui fait l’ange, et comme la gagerie a merveilleusement bien fonctionné, on comprend alors pourquoi à la toute fin des temps le règne de l’Antéchrist durera 3 ans et demi. Dans cette histoire-là, et pour mieux reconnaître les effets de cette doctrine, il faut juger un arbre à ses fruits. L’avortement donc fut institutionnalisé comme le plus grand sacrifice d’êtres humains, lequel bien évidemment a été voté comme progrès social pour cacher l’offrande faite au diable. Dans cette affaire-là, ils ont prétexté un bien, celui de la liberté de la femme, laquelle, indépassable, a permis d’ôter la vie dès sa conception. Le socialisme se révèle toujours, en reprenant l’expression de Fabrice Luchini (1), dans une compassion dégoulinante.
Antoine Carlier Montanari
- Le Figaro, le 13-05-2016