Titanique Economique (15)
En cette période d’élection régionale, Challenges nous gratifie d’une couverture très partisane. Il faut dire qu’en cette fin d’année ils font preuve d’un humour noir ! A vrai dire, chez les journalistes, personne ne semble croire que le Front national est capable de penser l’économie, ce serait plutôt l’affaire de la droite et de la gauche traditionnelles. Elles, et beaucoup le pense, savent y faire avec la finance ! Pour ma part, Challenges est très consensuel en s'affichant ainsi, il aurait été préférable qu’il se penche sur la gestion commune de la France depuis le début de la Vème république pour montrer effectivement comment les méthodes de droite et de gauche ont su enrichir la nation. Si on analyse les bilans respectifs, c’est la stratégie argumentative qui permet d’effacer de la feuille les échecs. Challenges y fait très gaffe, on peut sourire, ils nous assurent doctement que la réalité des chiffres n’est pas celle que l’on croit. Il faut des spécialistes en communication pour l’expliquer, la rhétorique est efficace, la dialectique un peu moins, c’est là que ça pèche, il faut véritablement faire preuve de bonne volonté pour y croire. Après tout, d’un certain point de vue, la dette accumulée par les deux grandes forces politiques françaises n’a pas tant d’importance, il faut la voir comme une simple égratignure qui avec le temps ça se résorbera ! Il n’y aura certainement pas de rupture, tout au plus quelques incidents mais les probabilités ne sont pas en faveur d’une défaillance de la dette. A ce jeux, au cas où, Challenges sait profiter des marges de manœuvres politiques pour trouver un responsable ! Ce sera le Front National, un point c’est tout ! Eux-mêmes, je parle des spécialistes de Challenges, n’ont pas vu venir l’énorme crise de 2008 et de sa petite sœur de 2011, trop occupés à admirer les chiffres de la croissance ! Et pendant ce temps-là, ils n’ont pas vu aussi, dans un petit coin de France, Bernard Monot, économiste libertarien selon Le Monde, et stratégiste économique du Front National, avertir Jean Marie le Pen qu’une crise systémique mondiale était imminente. Pourtant rien y fait, la solution frontiste n’est pas valable, la seule qui tienne, selon Challenges, c’est la loi du marché, l’homme doit s’y plier, un point c’est tout ! En attaquant ainsi le parti frontiste, le qualifiant d’économiquement nul, Challenges veut maintenir son taux d’endettement au plus haut, ils dérogent ainsi à toute déontologie journalistique. L’invective anti frontiste est leur gagne-pain mensuel, dans cette affaire-là il faut bien un ennemi, Challenges n’a pas les moyens de rester neutre ! En parallèle, le commerce mafieux rapporte tout autant, en raison de la demande intérieure, le ministère public qualifie de légitime toute imprécation contre le Front National, le buiseness est juteux. La coopérative d’état est à plein régime, je dirais même que le produit intérieur brut est réévalué sur cette base hyper conformiste, du moins Challenges y croit dur comme fer! Pour eux, Robert J.Gordon (1) est un auteur tragi-comique, la baisse limitée de la croissance a certainement été provoquée par Marine Le Pen, en tous les cas, ils doivent avoir quelques idées la-dessus ! On rigole un peu, mais c’est dire l’investissement énergétique qu’ils emploient dans ce sens-là. Je leur dirai bien de lire l’article de leur collègue Vincent Giret dans le Monde du 11 décembre pour tenter de rattraper leur retard mais je pense que le collet est trop serré pour espérer une heureuse tentative ! Bien sûr je ne me fais pas d’illusion sur la conclusion du journaliste du Monde mais son commentaire du livre, Un monde de violence, l’économie mondiale 2016-2030 (2), est tout à fait révélateur du désastre provoqué par les politiques, justement soutenus par ces deux journaux de gauche. Les fumigènes du commerce hyper mondialisé ont voilé toutes les autres possibilités, le piège est à la hauteur d’une vaste OPA, les rêves planétaires des économistes et des politiques ont fusionné en un espace sous contrôle total de la planche à billet. Challenges n’y voit que du feu, l’oracle avec sa grosse enveloppe a de quoi faire changer les plus réfractaires, à l’exemple de la Grèce. Challenges s’en félicite, c’est le principe de chantage qu’il admire, quand je vous parlais de mafia, après tout, c’est aussi une manière de faire des affaires !
Antoine Carlier Montanari
(1) économiste américain
(2) Le monde, Quand le monde qui vient échappe à nos équations.(Idéés, vendredi 11 décembre 2015)