Une Fable: Le Cyprès et l'Acacia
Un cyprès fort élancé, que le vent tachait de rendre plus vivace, se félicitait d'être le plus beau parmi tous. Mais voilà qu'on y planta un acacia, quand celui-ci fut élevé à la même hauteur, le cyprès vit que l'ombrage de l'acacia lui masquait les premiers rayons du soleil mais vit aussi que la tempête fut plus redoutable à son endroit. Celui-ci, d'un air assuré, fit entendre son éloge de la nature et de sa place parmi elle et tout fier qu'il était d'être ainsi il condamna l'acacia pour n'être que du bois à découper, bon à brûler tout au plus. Quand à ce dernier il riposta en affirmant courageusement qu'il était fait du même bois que l'arche d'alliance et de la couronne d'épines du Christ. Le cyprès, énervé, poussa ses racines et son feuillage pour asphyxier son voisin, mais l'acacia profita du vent pour repousser son attaque. De l'avis des hommes l'acacia fut retiré et servi à bien de leurs besoins dont la fameuse porte du temple qu'ils allaient édifier pour honorer Dieu et ses saints. Quand au cyprès, il resta là, parmis les siens et les hommes ne sachant que faire du terrain sur lequels ils s'étaient élevés décidèrent de bâtir un cimetierre. La-dessus, il est dit qu'il est des natures plus bonnes que d'autres, il vaut mieux être de celles qui nourrissent les vivants plutôt que les morts.
Antoine Carlier Montanari